La gastronomie est en perpétuelle évolution, aujourd’hui elle s’est démocratisée et s’est vue largement influencée par des mouvements culturels, des séries à succès et une envie grandissante des différentes populations de découvrir de nouvelles saveurs. Des évènements majeurs ont eu lieu et certaines habitudes culinaires vont être dépassées, voir complétement révolues. The fork a voulu retracer ces tendances et mettre à l’honneur les différentes cuisines qui vont marquer l’année 2025.
2024 a était une année marquante pour la scène de la gastronomie, et pour cause nous avons assisté à un évènement sans précédent qui a élève la cuisine au rang des arts. En effet, l’élection de Guy Savoy comme membre libre à l’Académie des beaux-arts en novembre dernier marque un tournant historique ; pour la première fois, la gastronomie entre officiellement dans le cercle des arts majeurs.
De plus, on assiste à un changement profond dans la façon dont le public découvre et apprécie la gastronomie. Les émissions culinaires comme Top Chef ne sont plus seulement des divertissements, mais de vrais vecteurs dans la formation de l’opinion publique sur la cuisine et dans la façon dont le public perçoit et interagit avec la gastronomie. En effet, les téléspectateurs ne se fient plus uniquement aux guides et aux critiques gastronomiques, ils forment des liens plus directs et personnels avec les chefs qu’ils découvrent à l’écran, ce qui influent beaucoup leurs choix de nourritures et de restaurants.
Par ailleurs, la gastronomie traverse une période de transformation profonde et surtout inattendue, illustrant une crise profonde dans le secteur ! 16% des restaurants distingués ferment leurs portes. Et les raisons vont bien au-delà des défis économiques auxquels fait face le secteur de la restauration. Si l’explosion des coûts énergétiques, la pénurie de personnel et l’inflation des matières premières pèsent lourd, une raison plus fondamentale se dessine : le décalage entre les attentes des clients et ce que propose les restaurants.
Fini les menus uniques qui prive le client de ce qui fait l’essence même du restaurant : le choix, et qui impose les mêmes plats à tous les convives, quelle que soit leur humeur ou leurs préférences. Les clients vont aujourd’hui au restaurant pour l’expérience et sont vites insatisfaits si le plaisir n’est pas au rendez-vous. Les restaurants oublient que la gastronomie est avant tout une affaire de goûts personnels et qu’une réinvention du modèle est devenu essentielle aujourd’hui.
En Allemagne, des établissements prestigieux comme Le Gourmet, Dr. Kosch, et Ernstà Berlin n’ont pas réussi à attirer suffisamment de clients, malgré leur renommée. La Frankfurter Allgemeine Zeitung résume la situation : les clients ne sont plus prêts à attendre des semaines pour dépenser des sommes importantes au restaurant ; « Les distinctions décoratives ne suffisent plus à payer les factures, c’est la clientèle qui le fait » explique le chef.
Au Royaume-Uni, la situation est tout aussi alarmante, avec plus de dix fermetures quotidiennes et une baisse de 3,6 % du nombre total de restaurants. Le chef Tom Kerridge déplore une perte de plus d’un million de livres, aggravée par une explosion des coûts énergétiques (+700 % en un an).
En Espagne, la situation est même critique : le chef Carles Abellan déconseille carrément de se lancer dans la restauration « vous y perdrez votre santé, votre partenaire, votre maison, vos enfants. Le groupe El Barrio d’Albert Adrià a fait faillite avec 8 millions d’euros de dettes, mettant en lumière les limites d’un modèle basé sur l’innovation coûteuse.
En Italie, des pertes importantes touchent également des figures emblématiques comme Carlo Cracco, dont le restaurant à Milan a accumulé 4,6 millions d’euros de pertes en cinq ans. Partout en Europe, la restauration haut de gamme semble confrontée à un modèle économique de plus en plus difficile à soutenir.
Les établissements qui prospèrent sont ceux qui replacent le client au centre de leur approche, et qui ouvrent la voie à une gastronomie centrée sur l’écoute et le plaisir du convive. Une évolution qui rend les expériences gastronomiques plus accessible et démocratisée. Les chefs et les restaurants qui réussissent aujourd’hui combinent excellence technique et écoute de leur clientèle, comprenant que créer des expériences avec des plats mémorables est plus important que d’imposer une vision.
Prenons comme exemple le restaurant Nobelhart & Schmutzig à Berlin où son proproétaire a décidé d’introduire les « Mercredis Schnitzel », remplaçant les plats complexes par une cuisine plus généreuse et accessible, avec une baisse des prix de 40 %.
En 2025, les tendances culinaires continueront d’évoluer et l’engouement se retrouvera dans certes des préférences gustatives mais aussi dans les préoccupations environnementales, la santé et la diversité culturelle.
Maintenant place aux cuisines qui vont marquer le monde en 2025 pour finir ensuite par les pratiques qui seront complétement dépassé.
Paris et le retour du bistrot classique :
Avec l’engouement mondial pour Emily in Paris et l’effervescence des J0 2024, Paris célèbre l’art de vivre à la française. Les bistrots et brasseries, symboles intemporels de la capitale, seront à l’honneur. Les menus revisitent les classiques avec une touche moderne.
Plats emblématiques : Escargots de Bourgogne/ Soupe à l’oignon/ Bœuf bourguignon/ Tarte Tatin
L’Italie et sa cuisine version 2.0 :
La cuisine italienne a conquis le monde en deux temps grâce à une version authentique et accessible qui s’affranchit des traditions pour un peu plus de modernité. Une démocratisation qui a permis l’émergence d’une haute gastronomie italienne à l’internationale. Les gnocchis se réinventent en version soufflée ou en cakes croustillants. Les sauces classiques cèdent la place à des versions plus audacieuses, les pizzas s’assaisonnent d’épices indiennes, les risottos sont au curry.
Chicago et son succès Street Food :
La série The Bear, véritable phénomène, met en lumière la richesse de la street food made in Chicago. Au menu : hot dogs revisités, Italian Beef Sandwich, Deep Dish Pizza et cuisine de comptoir avec des saveurs authentiques et généreuses.
New York et L’âge d’or de la slice :
La pizza se décline sous toutes ses formes dans les rues de New York, particulièrement sous forme de slice. Elle s’impose comme une véritable icône de la street food, une tendance qui inspire de nombreuses adresses à travers le monde.
L’Inde et L’ère de l’Ayurveda :
L’Inde s’affirme comme une source d’inspiration majeure avec la montée de la cuisine ayurvédique. Basée sur l’équilibre des saveurs et des bienfaits pour le corps, cette tendance séduit les amateurs de bien-être à travers des plats épicés, nourrissants et harmonieux.
Plats emblématiques : Dahl/ Curry léger/ Thé Chaï/ Pani Puri
Les Philippines et la folie de l’ube et du taro :
L’ube et le taro s’imposent comme les nouveaux ingrédients star, succédant au matcha dans les coffee shops. Avec la couleur violette vibrante et le goût légèrement sucré, ils inspirent des desserts, boissons et même des plats salés comme Ube Halaya/ Taro Smoothie/ Ube Ice Cream
Géorgie et Hongrie, Le Triomphe des Vins Naturels :
Les amateurs de vin tournent leur attention vers les vignobles de Géorgie et de Hongrie, devenus célèbres pour leurs vins naturels. Ces vins séduisent par leur authenticité et leurs arômes uniques, accompagnant parfaitement des plats typiques.
Albanie, la nouvelle destination culinaire :
Le boom du tourisme en Albanie propulse sa cuisine sur le devant de la scène. Ses saveurs authentiques, mêlant influences méditerranéennes et balkaniques, attirent les voyageurs en quête de nouvelles expériences.
Spécialités : Byrek/ Fërgesë Tirane/ Tave Kosi
En 2025, la gastronomie mondiale se diversifie et s’enrichit de nouvelles tendances, reflétant une quête de plaisir, de santé et de durabilité. Les cuisines traditionnelles sont revisitées pour offrir des expériences culinaires inoubliables, tandis que des cuisines moins connues émergent pour séduire les palais les plus exigeants. Et forcément, certaines habitudes culinaires vont clairement être dépassées voir complètement révolues.
Ciao les petites portions qui laissent sur sa faim, place à des assiettes généreuses et faites pour satisfaire les estomacs de tous les convives.
Les produits hors saison, importés de l’autre bout du monde seront aussi mis de côtés, privilégiant le local et le durable.
Le tout-alcool, sans alternative, deviendra moins attractif, tout comme les aliments surexploités comme l’avocat ou l’açaï, victimes de leur propre succès.
Les restaurants sans options végétariennes ne seront plus à l’honneur, tout comme les tables proposant des menus exhaustifs, supposant une cuisine non respectueuse de l’environnement et qui augmente le gaspillage alimentaire.
Enfin, la mauvaise pêche et les poissons menacés seront définitivement blacklistés par des clients de plus en plus engagés pour la préservation des océans.