Dans un contexte presque inédit, alors que la ville de Paris s’apprête à accueillir plus de 15 millions de visiteurs à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, les professionnelles de l’hôtellerie, eux, comptent bien tirer profit de cette opportunité tant attendue depuis la crise sanitaire. Ils mettent toutes les chances de leurs côtés et font flamber les prix !
En effet, selon les prévisions de « Paris Je T’aime » l’office du tourisme et des congrès de Paris, réalisées en septembre 2023, le prix moyen d’une nuitée dans un établissement d’Île de France pendant la période des JO pourrait atteindre les 699 euros. Une véritable aberration si l’on compare avec le mois de juillet 2023 où le prix moyen d’un séjour d’une nuit dans un hôtel était de 169 euros. Soit une hausse prévue de 314 % en moyenne.
Certes, les Jeux olympiques de Paris 2024 suscitent à juste titre beaucoup d’enthousiasme, mais se fiant aux prévisions, ils soulèvent également des préoccupations concernant le coût du logement pour les visiteurs et les participants. Avec un événement d’une telle envergure, la demande de logements explose, entraînant une flambée des prix dans les établissements hôteliers ainsi qu’une disponibilité limitée.
Alors que l’augmentation ahurissante des prix pour une nuitée dans un établissement d’Île de France pendant la période des JO faisait déjà polémique, « Paris Je T’aime » expose et s’inquiète d’un autre sujet : la réticence des hébergeurs à rendre leurs chambres disponibles à la réservation. Loin du sentiment de culpabilité les gérant d’établissements hôteliers décident de soumettre les possibilités de réservations à une procédure d’exécution au compte-goutte, et réduire l’offre disponible à quelques mois du lancement des Jeux Olympiques. C’est ce qu’on appelle la stratégie de l’écrémage. Ils représentent 66% des hôteliers selon le rapport.
La demande étant élevé et l’offre saturé, on assiste à une augmentation sur toute la période des Jeux, de 234 % pour les 1 étoile, de 366 % en moyenne pour les deux étoiles, de 475% pour les trois étoiles, et de 247 % pour les quatre/cinq étoiles.
Mais cette stratégie pourrait être risquée, et s’avérer contre-productive. Surtout que selon les estimations, 90% des visiteurs devraient être français avec un pouvoir d’achat inférieur aux étrangers, et une possibilité de pouvoir se loger par le biais de leurs relations amicales ou familiales. Les visiteurs étant au fait de l’explosion des prix d’hébergement pourrait d’entrée de jeux décider de ne pas prioriser un séjour dans un établissement hôtelier. C’est ce qu’il s’est passé lors des JO de Londres en 2012 où le taux d’occupation des hôtels deux et trois étoiles ont chuté de 12%, malgré une hausse de 23 % dans l’hôtellerie de luxe.
Pour preuve, conformément au sondage commandé par le cabinet Deloitte en région parisienne, un habitant sur cinq envisagerait de louer leur logement pendant la période olympique.
Il existe d’autres alternative comme les plateformes de réservation en ligne tel que Airbnb, où le règlement indique « que les hôtes fixent librement leurs prix et qu’elle n’a pas le pouvoir de les contrôler ». Un scénario qui pourrait s’avérer encore plus couteux ou voir risqué pour les chercheurs de logements. En effet, face à ces demandes alléchantes, Airbnb fait face à une multiplication d’annonces frauduleuses indiquant de faux emplacements ou publiant des photos qui ne correspondent pas à la réalité. Ces démarches frauduleuses entraînent des remboursements et des frais pour Airbnb avec comme plus grand risque, leurs pouvoir de peser sur la réputation de Airbnb s’inquiète le PDG d’Airbnb, Brian Chesky.
C’est dans cette optique que « Paris Je T’aime », inquiet des conséquences concernant l’attractivité touristique et l’image de la ville de Paris, tire la sonnette d’alarme à travers un communiqué envoyé aux hébergeurs touristiques franciliens en novembre. Ce dernier, d’après les dire de l’adjoint au maire, Fréderic Hocquard, met le point sur l’importance d’implantation de « principes d’éthiques tarifaires » et invite les professionnels à limiter les augmentations de tarifs sur la période des jeux et même avant, et à mettre leurs chambres disponibles à la réservation pour toutes les demandes actuelles. Sinon, les professionnels de l’hôtellerie iront « droit dans le mur ». Sa directrice Corinne Meneaux soulève que « Le rapport qualité-prix est clé. Il peut y avoir un effet destructeur d’image. Il ne faut pas oublier que trois visiteurs sur quatre sont des gens qui reviennent. Et que même si Paris est une grande destination touristique, elle évolue dans un contexte concurrentiel ».
Forcé d’intervenir, le gouvernement avec le département de Répression des fraudes décident d’intervenir fermement sur les contrôles dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. La ministre déléguée au Tourisme Olivia Grégoire, annonce que près de 10.000 établissements seraient soumis à un contrôle tarifaire d’ici au lancement des JO 2024, avec à ce jour plus de 1500 établissements déjà contrôlés. 70% d’entre eux « présentent au moins une anomalie, de gravité variable, qui ont conduit les services de la DGCCRF à adresser aux professionnels concernés 871 avertissements, 289 injonctions, 44 amendes administratives et à transmettre 47 procès-verbaux pénaux ».
De plus, le gouvernement tente de limiter les potentiels bus en faisant signer une charte aux plateformes de location, à s’engager à signaler les prix trop élevés ainsi qu’en mettant en place un « observatoire des prix ».
Parce qu’une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, le comité d’organisation des JO se joint au blocus et annonce avoir récemment annulé des milliers de réservations de nuitées d’hôtels à Châteauroux, la préfecture de l’Indre, qui accueillera l’été prochain les épreuves de tir sportif, sans aucune indemnisation possible, suscitant la colère des établissements. Les chiffres indiquent que selon les hôtels, ce sont entre 50 et 80% des nuitées qui ont été annulées.
De part l’action des établissements à profiter de la demande accrue durant la durée des JO, et rendant le logement excessif pour de nombreux visiteurs, organisateurs et participants, il est également important de prendre en compte l’impact sur les habitants de la ville de Paris et de ses environs. La hausse des prix du logement pendant les Jeux olympiques pourrait avoir des répercussions sur la population locale, en particulier sur ceux qui louent leur logement à long terme. Les autorités devraient veiller à ce que les résidents locaux ne soient pas désavantagés par la hausse des prix et à ce qu’ils puissent continuer à accéder à un logement abordable pendant l’événement.