L’institut Paul-Bocuse, qui portait fièrement le nom du fameux cuisinier et pape de la gastronomie française, mène depuis des mois une mauvaise bataille judiciaire avec le fils, Jérôme Bocuse depuis 2021. Une bataille autour de l’utilisation abusive du nom de son père, Paul Bocuse, décédé en 2018 par l’institut, notamment dans le cadre de partenariats avec des entreprises de l’agroalimentaire, d’une éventuelle collaboration avec Air France, ou encore dans le dépôt du nom Paul-Bocuse sur certains produits en Chine sans qu’il soit informé.

Fondé en 1991, par Paul Bocuse et le cofondateur du groupe hôtelier Accor, Gérard Pélisson, sous le nom « L’École des Arts Culinaires et de l’Hôtellerie d’Ecully », est une école internationale de cuisine et de management en hôtellerie-restauration qui compte un total de 1200 étudiants de 74 nationalités différentes. Ce n’est qu’en 2002, depuis la mort du chef triplement étoilé que la prestigieuse école porte le nom du chef Paul Bocuse avec l’ambition de faire rayonner la gastronomie et l’Art de vivre à la française dans le monde.

Afin de couper court aux polémiques et pour que l’Institut puisse « se projette dans l’avenir et se tourner à l’international », Gilles Pélisson, président de l’Institut Paul Bocuse, et Dominique Giraudier, son directeur général, ont annoncé, lors d’une Conférence de Presse à Écully, près de Lyon, le 27 avril dernier, le changement de nom de l’Institut Paul Bocuse en Institut Lyfe.

Une conférence de presse qui s’est tenu au cœur de l’amphithéâtre du nouveau site de la célèbre école d’hôtellerie-restauration à Ecully, dans lequel professionnels du domaine et journalistes étaient réunis, et lors de laquelle, Mr Pélisson et Mr Giraudier, ont présenté fièrement l’inauguration d’un nouveau campus.

Un projet initié en 2017, par les responsables de l’Institut qui illustre leur volonté d’extension et l’ambition de devenir la référence internationale des formations d’excellence aux métiers de l’Hôtellerie, de la Restauration, des Arts Culinaires, et plus globalement de l’hospitalité. Ceci pour la maudite somme de 25 millions d’euros, financé grâce au soutien de nombreux mécènes, et par l’appui des Pouvoirs Publics de la région Auvergne Rhône-Alpes, ainsi que par la généreuse contribution de Gérard Pélisson à hauteur de 10 millions d’euros.

Installé dans le château de la Roseraie, ce nouveau campus consacré pleinement à l’hôtellerie et à l’entrepreneuriat, sera composé de 22 salles de cours et d’un grand amphithéâtre de 250 places, pour un investissement de 16 millions d’euros. De cette manière, le campus historique pourra se désencombrer des élèves du monde de l’hôtellerie, et se consacrer plus directement aux Arts Culinaires. Contre toute attente, surtout dans le contexte actuel de fonds de désaccord avec Jérôme Bocuse, ce campus dédie aux cours de cuisine gardera le nom de Paul Bocuse.  Suite à cette annonce, Jérôme Bocuse qui se battait justement pour un changement de nom réagi dans un communiqué disant que « Rien n’a été évoqué sur les conséquences de ce choix et ses nombreuses répercussions, alors qu’une procédure judiciaire est toujours en cours ».

Pas de quoi inquiéter Gilles Pélisson : « Nous sommes sereins concernant le futur de notre école grâce au projet que nous menons. Il y a par ailleurs cette lettre écrite par Paul Bocuse à mon oncle Gérard en 2005 où il est indiqué que l’Institut peut utiliser le nom de Monsieur Bocuse jusqu’à 2037 ».

Si la majorité pensait que ce brusque changement d’identité était conduite par la procédure lancée par Jérôme Bocuse, suite à l’utilisation abusive su nom de son père, pas vraiment ! Gilles Pélisson dissipe la confusion et explique que « Le processus était déjà lancé. Nous devons aujourd’hui incarner l’intégralité de nos formations qui vont bien au-delà de la cuisine. Jusqu’ici le nom de Paul Bocuse était peut-être un peu réducteur, ce qu’a confirmé nos études de marché auprès des étudiants étranger. Cette nouvelle marque ombrelle incarne la modernité et l’avenir, pas le passé »

Alors pourquoi ce fameux choix de nom Institut Lyfe ?

Doit-il se prononcer à l’anglaise ? à la française ? un peu des deux ? Explications !

Le mot Lyfe veut dire Lyon for Excellence.

Le choix du mot Lyon marque un point d’ancrage aux racines lyonnaises de l’institut, à la capitale de la gastronomie et de l’art de vivre à la française, ainsi qu’à la ville de naissance et de cœur des deux fondateurs.  

Ensuite, et selon les mots de l’institut dans un communiqué, « l’excellence reste notre priorité, notre fil rouge, une quête permanente de surpassement par le travail, par la persévérance, par l’honnêteté, le respect, l’enthousiasme, la créativité, l’humilité…quel que soit le territoire où il s’exerce.

L’acronyme Lyfe comme je le disais plus tôt à un peu une consonance anglophone, en effet le choix est appuyé par la volonté et l’ambition de l’institut de devenir la référence internationale des formations aux métiers de l’hôtellerie et de la restauration.

Enfin, le choix de garder le mot institut en français se justifie par la volonté de garder leur ancrage, leur ADN de gastronomie et de l’Art de vivre à la française.

Dominique Giraudier explique que grâce à l’évolution de l’Institut Lyfe, ainsi que sa transition vers l’international, nous avons une vraie école du XXIe siècle. « Nous voulons devenir la meilleure école de management en arts culinaires et hôtellerie du monde, rien de moins, tout en conservant notre identité d’école-métier et notre patrimoine français »,

Dans le prolongement de cette transition vers l’internationale, un semestre sera obligatoire à l’étranger pour les étudiants. L’Institut devrait également annoncer de nombreuses collaborations avec des chefs célèbrent, pour ses différents cursus.

De gros changements, certes pour l’institut Lyfe, mais qui égaye l’avenir.

À terme, il devrait doubler sa capacité, grâce à son expansion à l’international, et entrer dans le rang des parcours Grandes Écoles. Par contre, au petit bonheur la chance pour les étudiants des deux promotions à venir qui verront encore l’appellation « Institut Paul Bocuse »  sur leur diplôme.

Et pour ceux qui m’ont lu jusqu’ici, petite annonce sur la nouvelle édition du Bocuse d’Or qui se tiendra le 8 septembre 2023, à Paris.

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